A l’idée de retrouver mes copains, la routine militaire et même les sous-officiers qui nous gueulaient dessus, j’éprouve non seulement du plaisir mais aussi un grand soulagement !
A l’entrée des parkings, les voitures sont fouillées et un miroir est glissé en dessous de l’auto. J’imagine la même chose chez nous… ! Ca n’aurait pas fini de gueuler !
Le vendredi, quand la blanchisseuse quittait la Gueule-d’Or, elle remontait lentement la rue des Poissonniers, contentée, lassée, l’esprit et la chair tranquilles.
Puis, on parla du dessinateur du premier, ce grand escogriffe de Baudequin, un poseur criblé de dettes, toujours fumant, toujours gueulant avec des camarades.
Deux fois, elle retourna se planter devant la vitre, son œil collé de nouveau, vexée de retrouver ces sacrés pochards à couvert, toujours gueulant et buvant.
Les deux femmes se mirent ensuite aux côtés du zingueur, pour l’occuper et l’empêcher de voir. Il était à peine allumé, plutôt étourdi d’avoir gueulé que d’avoir bu.
Oui, son métier lui revenait, au moment de crever ; et s’il gueulait si fort, s’il se crochait sur son toit, c’était que des mufes l’empêchaient d’exécuter proprement son travail.
Alors, il se le vidait dans le coco, furieux, gueulant qu’il lui en faudrait des douzaines et qu’ensuite il se chargeait de porter un tonneau sans remuer un doigt.
Alors, la maison craqua, un tel gueulement monta dans l’air tiède et calme de la nuit, que ces gueulards-là s’applaudirent eux-mêmes, car il ne fallait pas espérer de pouvoir gueuler plus fort.